Quel NAS choisir pour sa domotique en 2023 ?

Synology, Qnap, Virtualisation, Docker, NVR : on vous dit tout !

Nous avions déjà vu ensemble comment créer une box domotique Jeedom ou encore installer Home Assistant sur Raspberry Pi afin d’héberger un serveur domotique chez soi. Mais, avec l’envolée des prix des composants, le célèbre nano-ordinateur n’est plus la solution économique qu’il était et vous avez été nombreux à nous interroger ces derniers mois sur les alternatives possibles. A l’heure où un kit Raspberry Pi 4 se négocie parfois jusqu’à 200 euros, il peut en effet être judicieux de lui préférer un mini PC (NUC) ou un serveur de stockage en réseau (NAS). Si les deux solutions sont intéressantes, vous aurez déjà compris que notre préférence va à la seconde. C’est pourquoi nous allons aujourd’hui tenter de répondre à la question : quel NAS choisir pour la domotique ?

Dernière mise à jour : 25/08/2023 – Réactualisation de la gamme Synology avec de nouveaux modèles plus performants

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Le NAS domotique : une solution évolutive

Avant de voir quels sont les meilleurs NAS pour la domotique en 2023, commençons par une rapide définition de ce qu’est un serveur de stockage en réseau et son périmètre d’utilisation dans le cadre de nos maisons connectées.

Un NAS, c’est quoi ?

Un NAS, ou Network Attached Storage, se définit comme un périphérique destiné au stockage et au partage de fichiers sur un réseau. Bien qu’on le résume parfois à un simple disque dur connecté, il est généralement bien plus que ça et on peut le considérer comme un véritable ordinateur avec un système d’exploitation optimisé pour le stockage et le partage de fichiers sur un réseau. Cependant, nous parlerons plus volontiers de serveur car, contrairement à un ordinateur, il n’a généralement pas d’écran et il est conçu pour fonctionner 24h/24 .

Une consommation maîtrisée

La consommation d’énergie est un paramètre important dans nos maisons connectées. De ce point de vue, un NAS consomme bien moins qu’un PC ou un NUC. Certes, il n’est pas aussi frugal qu’un nano-ordinateur type Raspberry Pi ou Odroid, mais on peut lui en demander bien plus.

À LIRE :
Dossier : être au courant de la consommation électrique de ses objets connectés

Évidemment, la consommation électrique d’un NAS va dépendre de son usage et du nombre de tâches qui lui seront assignées (machines virtuelles, conteneurs, concentrateurs domotiques, vidéosurveillance, etc.), mais son processeur et son alimentation seront optimisés à ces fins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous n’y trouvons généralement pas de carte graphique, un équipement particulièrement gourmand.

On estime que le coût d’un serveur NAS de 2 baies utilisé quotidiennement ne dépasse pas les 20 euros par an, ce qui est très raisonnable. C’est donc une solution intéressante.
A titre d’exemple, notre Synology DS920+ doté de quatre disques durs Seagate IronWolf oscille entre 7.5 W en veille et 20.5 W en activité, avec une moyenne de 12.5 W lorsqu’il n’est pas sollicité. C’est peu sachant qu’il fait tourner une machine virtuelle Debian, une VM Home Assistant, un broker MQTT, des passerelles ZigBee et Z-Wave, l’indispensable Synology Drive, et bien plus encore…

Un couteau Suisse pour la maison connectée

Véritable couteau Suisse de nos maisons connectées, le NAS peut servir de :

  • serveur multimédia : Plex, Kodi, etc.
  • serveur de téléchargement : torrent, et cie… Tant que vous restez dans la légalité bien entendu.
  • serveur de vidéosurveillance : il fait office de NVR.
  • serveur web / mail / FTP : pratique pour un blog ou un petit site web,
  • serveur base de données : MariaDB, MongoDB, MySQL, etc.
  • serveur domotique : Home Assistant, Jeedom, Domoticz, et cie…
  • concentrateur multiprotocole : MQTT, ZigBee, Z-Wave, Bluetooth, EnOcean, RF…
Plus besoin multiplier les machines, une seule suffit car un NAS sait presque tout faire et s’avère utile pour bien des choses.

En plus de (presque) tout faire, le NAS fait les choses bien, avec une haute disponibilité et un fonctionnement 100% local si vous le souhaitez. En effet, au-delà du stockage de vos données personnelles chez vous, vos objets connectés n’auront pas besoin du cloud pour fonctionner. Certes, comme tout système informatique, un NAS peut avoir des ratés, mais vous pouvez compter sur environ 99.99% de disponibilité si vous avez bien paramétré la bête.

En cas de coupure Internet, votre maison connectée sera toujours 100% opérationnelle et vous pourrez continuer de la piloter depuis votre smartphone ou votre tablette, et même écouter de la musique ou regarder des films et séries stockées sur votre NAS.

Quel NAS choisir pour votre domotique ?

Bon, c’est bien beau tout ça, mais quels sont les meilleurs NAS pour la domotique ? Vaste sujet, car s’il existe pléthore de fabricants de NAS sur le marché, seul un petit nombre d’entre eux nous proposent du matériel adapté à cet usage. Bien qu’il soit relativement facile de se faire son propre NAS DIY avec TrueNAS ou OpenMediaVault, nous allons ici nous attarder sur les deux grandes marques grand public qui se disputent le marché des NAS domotique : QNAP et Synology.

Certains vous déconseilleront les NAS 2 baies, mais c’est une option tout à fait envisageable, surtout si vous le dédiez essentiellement à votre domotique. Dans l’absolu, vous pouvez même opter pour certains modèles à une seul baie, mais nous vous conseillons un minimum de deux baies qui vous permettront de sécuriser vos données en mirroring avec un volume Btrfs en RAID 1 par exemple. En utilisant Docker, vous aurez suffisamment de ressources pour faire tout un tas de choses.

NAS QNAP compatibles avec la virtualisation

QNAP propose un grand nombre de modèles, mais seuls ceux prenant en charge Intel VT-x (séries TS-x51, TS-x53) ou AMD-V (séries TS-x20, TS-x21, TS-x69 Pro, TS-x69L) sont compatibles avec Virtualization Station qui vous permettra d’utiliser des machines virtuelles pour votre domotique.

Nous n’en avons retenu que trois, mais vous trouverez la liste complète sur le site de la marque. A noter, tous les NAS QNAP sont dotés d'emplacements vous permettant d’augmenter leur mémoire vive. Nous vous recommandons d’y placer au moins 8 Go de mémoire, s’il ne les a pas déjà.

Choisir un NAS Synology DiskStation

Bien que QNAP fasse du très bon matériel, Synology est au NAS ce que Apple est à l’ordinateur. Autrement dit, la marque propose du matériel performant capable de durer des années et un système d’exploitation optimisé suffisamment simple pour être utilisé par tous. C’est donc la marque que nous vous recommandons.

En effet, si le matériel compte pour beaucoup dans un NAS, son système d’exploitation et son écosystème logiciel comptent tout autant. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’entreprise taïwanaise n’a pas fait les choses à moitié avec sa solution reconnue nommée DiskStation Manager ou DSM pour les intimes.

Conçu sur une base Linux optimisée pour les NAS, le système d’exploitation Synology DSM permet de très simplement gérer et administrer un serveur domestique. Que l’on soit débutant, utilisateur avancé, ou expert en la matière, il est facile à utiliser. Reste à choisir le modèle, ce qui n’est pas une mince affaire…

Dans la gamme 2 baies, le Synology DS224+ est un bon choix pour débuter, mais nous vous recommandons plutôt le Synology DS723+. En effet, le DS723+ est doté d’un processeur quad core AMD Ryzen qui est plus puissant que le dual core Intel Celeron J4125 qui équipe le DS224+. Les deux sont livrés avec seulement 2 Go de RAM , mais vous pouvez leur ajouter 4 Go de RAM pour plus de confort (et même plus en pratique).

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Notez, néanmoins, que l’idéal est de vous tourner vers un NAS 4 ou 5 baies, car en plus de tolérer une panne matérielle d’un disque, ces NAS offrent un hardware un peu plus costaud.

Les Synology DS920+, que nous avions retenu pour notre lab au moment de sa sortie, embarque le même processeur Intel Celeron J4125 que le DS720+, mais propose 2 baies de plus et se voit doté nativement 4 Go de RAM que vous pourrez porter à 8 Go max au lieu de 6 Go max sur les 2 baies (les limites sont théoriques et indiquées par la marque). Il est donc plus évolutif, surtout si vous souhaitez comme nous faire tourner plusieurs machines virtuelles. Vous pourrez même lui ajouter 2 x SSD M.2 MVMe pour accélérer son cache, mais entre nous cela n’a d’intérêt que dans le cadre d’une utilisation professionnelle avec de gros volumes de fichiers à traiter ou si vous hébergez votre site web.

Plus récemment, le nouveau Synology DS923+ avec son nouveau processeur AMD Ryzen et ses désormais 8 Go de RAM DDR4 ECC extensibles à 32 Go est venu réactualiser la marque et le modèle 4 baies… Si vous avez les moyens, n’hésitez pas à vous tourner vers lui.

Le Synology DS1522+ est également un très bon choix avec le même hardware, mais il offre 8 Go de RAM préinstallée (non extensible) et une cinquième baie par forcément super utile, mais qui a le mérite d’être là.

Enfin, vous pouvez aller plus loin et choisir un NAS 8 ou 16 baies. Mais est-ce bien utile ? Pas forcément. En fait, tout dépend de vos usages. De vos moyens aussi, ou peut-être de votre besoin de vous la jouer devant les copains. Plus sérieusement, se faire la main avec un « petit » NAS est probablement le choix le plus judicieux, d’autant que les hardwares évoluent régulièrement et qu’il vous sera toujours possible de faire travailler deux NAS ensemble. Ou de le revendre pour en acquérir encore un plus costaud.

Dans tous les cas, si vous souhaitez utiliser comme nous des machines virtuelles, il peut être judicieux de vous équiper d’une barrette de RAM supplémentaire car 4 Go est un minimum si vous souhaitez faire tourner des machines virtuelles. Le modèle recommandé par la marque est évidemment la Synology D4NESO-2666-4G, mais il est possible d’y placer d’autres marques.

Comme nous le précise Hervé dans les commentaires ci-dessous, vous pouvez apparemment dépasser allégrement les spécifications du constructeur.

Quel disque dur choisir pour son NAS ?

Bien que cela ne soit pas obligatoire, il est fortement recommandé de choisir des disques durs pour NAS.

Pourquoi ? Parce qu’ils sont conçus spécifiquement pour cet usage et leurs firmwares sont notamment plus adaptés aux accès par intermittence. Ils sont aussi moins énergivores, leur système de mise en veille est plus efficient, et ils offrent bien souvent de meilleures performances. Enfin, ils sont surtout bien plus durables. Certes, ils sont aussi plus chers, mais cette longévité accrue les rend au final bien plus intéressants à long terme.

Nous retiendrons trois marques : Seagate, Western Digital et Toshiba. Bien entendu, les versions Pro ou Plus sont les meilleures, mais vous pouvez vous tourner les yeux fermés vers les WD Red qui sont de très bons modèles d’entrée de gamme qui conviendront à l’immense majorité des utilisateurs.

  • Seagate IronWolf ou IronWolf Pro ;
  • Western Digital WD Red ou WD Red Plus ;
  • Toshiba N300.
En ce qui nous concerne, nous avons opté pour des Seagate IronWolf pour le NAS de notre lab. Leur rapport qualité/prix est excellent. Et, pour tout vous dire, ils étaient en promo lors de notre achat.

Quid du SSD ? A l’instar des ordinateurs, les Hard Drive Disk (HDD) sont peu à peu poussés vers la sortie par les Solid State Drive (SSD) qui reposent sur des puces de mémoire flash. Le SSD a bien des arguments pour lui, notamment une vitesse d’accès bien plus importante, mais également moins de risques de défaillance mécanique puisqu’il ne comporte aucune pièce en mouvement. Ajoutez à cela le fait qu’il consomme environ 60% de moins qu’un HDD, et on pourrait bien croire à la solution miracle. Malheureusement, sa durée de vie semble un peu moindre et son prix est largement plus élevé.

Alors, SSD ou HDD sur NAS ? A vous de voir, mais nous vous conseillons plutôt de vous tourner vers de bons vieux disques durs qui sont largement suffisants pour des usages domestiques et qui ont un rapport To/Euro (ou stockage/prix) bien plus intéressant.
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L’indispensable onduleur

Ici aussi, cela n’a rien d’obligatoire, mais gardez bien à l’esprit qu’utiliser un NAS sans onduleur est risqué. On peut même dire que ça n’est pas du tout recommandé.

Pourquoi ? Tout simplement parce que ce type d’appareil supporte mal les coupures de courant et que vos fichiers risquent d’être corrompus. Certes, les NAS disposent aujourd’hui de systèmes de récupération et de vérification, mais la reconstruction d’un volume RAID peut être longue, très longue, et sans garantie de succès. Aussi nous vous conseillons d’investir dans un onduleur, d’autant qu’il est possible d’en trouver aux alentours de 60€.

En plus, un onduleur vous permettra de protéger votre box ou routeur, votre ordinateur, etc. En cas de brève coupure de courant, ce qui est le plus fréquent, cela évitera à toute votre domotique de s’arrêter brusquement puis de redémarrer. Par ailleurs, tous les onduleurs protègent les équipements de surtensions et, cerise sur le gâteau, vous pourrez configurer votre NAS pour qu’il s’éteigne seul et proprement en cas de coupure prolongée. Cela vous permettra de sécuriser vos données et d’attendre à la bougie le retour de la fée électricité.

Installer un serveur domotique sur son NAS

Que vous choisissiez Jeedom, Home Assistant ou encore Domoticz, deux solutions de virtualisation s’offrent à vous : les machines virtuelles ou la conteneurisation avec Docker.

Principales différences

Dans le cadre de la virtualisation de serveurs (VMM chez Synology, Virtualization Station chez QNAP), les machines virtuelles (VM) partagent un même serveur physique (CPU/RAM/HDD), mais chacune possède son système d’exploitation. C’est un plus d’un point de vue sécurité, l’isolation entre les VM étant intrinsèque à cette technologie. Si une VM est corrompue, il vous suffit de la supprimer, les autres ne seront pas impactées.

Dans le cadre de la conteneurisation (Docker est le plus connu), c’est un peu différent puisque, outre le partage d’un même serveur physique, les conteneurs partagent un même système d’exploitation. En cas de corruption, si vous installez un conteneur vérolé par exemple, l’ensemble de vos conteneurs seront exposés. Néanmoins, il est possible de sécuriser Docker et son principal avantage réside dans sa frugalité, puisqu’il demande beaucoup moins de ressources.

Docker ou VM ?

Plusieurs paramètres vont conditionner votre choix :

  • Hardware : processeur compatible Intel VT-x ou AMD-V, 4 GB de RAM minimum, volumes Btrfs ;
  • Mémoire vive : 2 Go est un minimun, 4 ou 8 Go recommandés ;
  • Stockage : un minimum 2 To est nécessaire afin de créer des sauvegardes, snapshots et points de restauration ;
  • Utilisation : votre VM va forcément solliciter du ressources occupant en moyenne 20% de charge processeur )
  • Périphériques : le nombre de périphériques USB à gérer

En résumé, nous vous conseillons de choisir :

  • Docker : si votre NAS a moins de 4 Go de RAM et/ou s’il a déjà une charge supérieure à 50% ;
  • VMM : si vous avez au moins 4 Go de RAM et une charge de moins de 50%.

Notez qu’une VM vous limitera généralement à 4 périphériques USB maximum (chez Synology en tout cas). Cela est suffisant pour utiliser à la fois le ZigBee, le Z-Wave et le Bluetooth, mais si vous souhaitez ajouter davantage de protocoles, Docker vous tend les bras.

Bref, si une machine virtuelle (VM) est idéale, tout va surtout dépendre des ressources disponibles sur votre NAS et vous aurez tout intérêt à vous tourner vers Docker si vous ne disposez pas d’au moins 4 Go de RAM et/ou si votre NAS est déjà très sollicité. .
En conclusion, vous l’aurez compris, le NAS est une solution domotique plus qu’intéressante. C’est en quelque sorte l’ordinateur de votre maison connectée, le centre névralgique de votre domotique, la colonne vertébrale de votre smart home. Ce n’est évidemment pas la solution la plus économique, mais c’est une des plus complètes et évolutives.
À LIRE :
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Fasciné par Alexa depuis le jour où je l'ai reçue en bêta test, je me suis peu à peu passionné pour le sujet, avant de me décider à aller plus loin en créant un site avec Jean-Christophe. Une activité qui me permet d'étancher ma soif de nouvelles technologies et de partager mes découvertes sur la plus sympathique des communautés : Les Alexiens.