Dans nos maisons connectées, les murs ne sont plus muets. Un simple mot allume une lumière, diffuse une mélodie, ajuste la température. Une promesse de confort invisible, presque magique, que les enceintes connectées comme Google Home et Amazon Echo ont fait entrer dans notre quotidien. Mais derrière cette magie domotique, la mécanique grince.
Aux États-Unis, une fronde discrète prend forme chez les utilisateurs de Google Home exaspérés par un assistant devenu capricieux, des commandes ignorées, des routines effacées, des appareils qui répondent… ou pas. Des dysfonctionnements suffisamment fréquents et persistants pour nourrir l’idée d’une action collective contre Google. Pas très sympa suite à leur réponse, mais lorsqu’un assistant cesse d’obéir, ce n’est pas seulement un gadget qui vacille, c’est toute l’illusion de la maison intelligente qui se fissure.
Une lassitude grandissante chez les utilisateurs de Google
L’affaire nous est rapportée par Android Authority qui, dans un article publié hier soir, nous apprend que des utilisateurs de Google Home aux États-Unis, soutenus par un cabinet d’avocats spécialisé dans les actions collectives, envisagent une procédure contre la firme de Mountain View. En cause : les bugs permanents et les régressions fonctionnelles ayant affecté durablement l’usage de leurs appareils Google Nest.
Parmi les griefs évoqués, il est question de routines supprimées sans avertissement, d’automatisations qui ne s’exécutent plus, de réponses erratiques de Google Assistant, et plus globalement d’une dégradation progressive de l’expérience utilisateur, en particulier depuis la migration vers la nouvelle application Google Home. Certains évoquent même l’impossibilité d’utiliser leurs appareils comme avant, malgré des mises à jour régulières.
Un problème connu, et déjà documenté
Dans notre précédent article consacré aux problèmes techniques de Google Home, nous avions détaillé les nombreux dysfonctionnements signalés par la communauté : actions non prises en compte, routines ignorées, retard d’exécution, ou encore difficulté croissante à reconnaître les pièces ou les groupes d’appareils. Des problèmes qui, pour certains, ont transformé leur assistant en source de frustration quotidienne.
Face à ces critiques, l’entreprise est sortie de son silence la semaine dernière, non par la voix de Gemini, mais de celle de son directeur de produit Anish Kattukaran qui, après s’être excusé, nous a fait la promesses d’une refonte de Google Home apportant des améliorations majeures.
Pourquoi une action collective contre Google ?
Les actions collectives, ou class actions en anglais, reposent sur un principe juridique bien établi aux États-Unis : lorsqu’un service cesse de fonctionner comme prévu, et que l’entreprise responsable ne propose pas de réparation concrète ni de compensation, une action de groupe peut être engagée.
En l’occurrence, certains utilisateurs estiment que leurs enceintes Google Home, souvent achetées en nombre pour profiter de leurs fonctions domotiques dans toute la maison, ne remplissent plus les promesses affichées au moment de l’achat. Pour eux, la perte de fonctionnalités, l’instabilité du système ou l’impossibilité de déclencher certaines routines personnalisées constitue un préjudice d’usage. L’idée d’un recours collectif vise donc à faire reconnaître cette dégradation comme une forme de manquement contractuel.
Même si cette potentielle action collective n’en est qu’au stade de l’enquête de faisablitié, l’impact pour Google pourrait être significatif car, si la procédure venait à être réellement mise en oeuvre, elle obligerait le géant californien à rendre des comptes sur la fiabilité de son écosystème domotique.
Plus globalement, cette affaire soulève une question pour l’ensemble du secteur de la maison connectée : que se passe-t-il lorsqu’une entreprise abandonne ses produits et donc ses utilisateurs ? À partir de quand peut-on parler de « défaut » dans un produit logiciel dont les fonctions évoluent en permanence, parfois au détriment de l’utilisateur ? Que ferions-nous si Google et Amazon abandonnaient purement et simplement leurs assistants ?
La réponse souvent apportée est celle de l’open source, avec des systèmes domotiques comme Home Assistant ou openHAB, mais ces projets peuvent tout aussi bien péricliter puis finir par disparaître. Moins brutalement, peut-être, mais les exemples ne manquent pas. Quoi qu’il en soit, si l’action collective autour de Google Home venait à se concrétiser, elle poserait un précédent important. Celui d’un droit à la continuité fonctionnelle pour les utilisateurs d’objets connectés, et d’un devoir d’en assurer la fiabilité dans la durée pour les fabricants.