Pendant longtemps, le cadre photo numérique fut un objet embarrassant. Trop plastique, trop lumineux, trop technologique, on le plaçait plus volontiers sur une étagère qu’on ne l’exposait fièrement au mur. Avec son AI Art Frame, SwitchBot tente une approche radicalement différente et souhaite nous faire oublier l’appareil pour ne plus laisser place qu’à l’image et l’émotion. Un objet connecté qui sort de l’ordinaire et que nous allons aujourd’hui passer à la loupe.
SwitchBot AI Art Frame, l’écran qui voulait devenir une œuvre
Un déballage qui donne le ton
Au déballage, nous comprenons que ce produit ne joue pas dans la même catégorie que les autres cadres numériques. Pas de plastique brillant, pas d’écran clinquant, le SwitchBot AI Art Frame se présente comme un véritable cadre, avec son pourtour en aluminium noir mat « effet bois » et son passe-partout blanc (trois exemplaires de rechange sont fournis). L’appareil se veut à la fois classique et élégant.
Nous avons testé deux tailles, le modèle 7,3 pouces (149€) et la version 13,3 pouces (349€), mais un troisième format de 31,5 pouces (1499€) est également proposé pour les murs de grande dimension ou les installations plus ambitieuses – et les gros budgets donc.
A la prise en main, la première surprise est sans aucun doute le poids plume de l’appareil. Contrairement à ses homologues à écran LCD ou IPS, le SwitchBot AI Art Frame est étonnamment léger – 488 grammes pour le petit et 1 kg pour le moyen, soit à peine plus qu’un cadre classique – si bien qu’on l’installe en quelques minutes sans même sortir la perceuse. Comme à son habitude, le fabricant fournit tout ce qu’il faut, et l’on retrouve quatre attaches adhésives, quatre crochets muraux type tableau, trois passe-partout blancs de rechange et même un petit niveau à bulle. Sans oublier le chargeur secteur.
En effet, le AI Art Frame renferme une batterie de 2000 mAh qui se recharge via une prise USB-C, ce qui permet une installation sans fil. Et, rassurez-vous, vous n’aurez pas à le décrocher bien souvent, SwitchBot nous promettant jusqu’à deux ans d’autonomie avec une charge à raison d’une mise à jour de l’image par semaine. Il faut dire que son écran couleur E Ink Spectra™ 6 ne nécessite d’énergie que pour modifier son affichage. Une fois l’image formée, elle reste fixe et ne consomme plus de batterie. C’est la même technologie d’encre électronique que sur la liseuse Kindle Colorsoft 2025 que nous vous présentions récemment.
Il est donc possible d’installer le SwitchBot AI Art Frame sur un mur, en portrait comme en paysage, mais aussi de simplement le poser sur un meuble grâce à sa patte chevalet. Le tout, sans fil, comme un cadre traditionnel. Vous pouvez d’ailleurs remplacer le cadre d’origine par un autre modèle du commerce pour l’adapter à votre décoration, les cadres IKEA RÖDALM étant notamment compatibles. Ici, la technologie ne dicte plus l’esthétique, elle s’y plie.
Fiche technique
- Marque : SwitchBot
- Modèle : AI Art Frame
- Écran : e-Ink Spectra 6 (couleur) de type e-paper (sans rétroéclairage, sans reflets)
- Tailles : 7,3″, 13,3″ ou 31,5″
- Connectivité : Wi-Fi et Bluetooth LE
- Stockage interne : jusqu’à 10 images
- Cadre : en alliage d’aluminium (interchangeable)
- Fonctionnalités :
- Galerie d’œuvres d’art
- Diaporama
- AI Studio (abonnement après période d’essai)
- Application mobile : SwitchBot (iOS, Android)
- Compatibilité : SwitchBot Hub 3, Home Assistant
- Batterie : 2000 mAh
- Autonomie : jusqu’à 2 ans (à raison d’un rafraîchissement hebdomadaire)
- Formats :
- Poids : 488 grammes (7.3″), 1 005 grammes (13.3″)
Le cadre photo numérique au banc d’essai
Une installation toujours sans friction
Sans surprise, installer le SwitchBot AI Art Frame relève du jeu d’enfant. Dès l’allumage, l’application SwitchBot détecte automatiquement l’appareil via Bluetooth LE. Il suffit de sélectionner son réseau Wi-Fi, de valider et… c’est prêt. Aucune complexité.
Une galerie d’art à la maison
Pour utiliser le cadre numérique, tout se passe dans l’application SwitchBot, et celle-ci offre bien plus d’options que nous ne l’imaginions. En effet, outre les classiques paramètres, nous retrouvons tout d’abord une galerie d’œuvres d’art. De nombreux tableaux, esquisses et dessins de maître sont proposés. Nous ne saurions vous dire combien, nous n’avons pas trouvé la patience de les faire tous défiler… Il y en a vraiment beaucoup.
Le bouton Album permet d’accéder à sa galerie personnelle. Le SwitchBot AI Art Frame peut stocker jusqu’à 10 images localement. Vous pouvez les télécharger depuis votre smartphone ou tablette.
Deux modes sont ensuite proposés :
- Statique : une image fixe, que vous pouvez changer manuellement ou de façon programmée une fois par jour.
- Diaporama : une rotation s’effectue toutes les 15 minutes à 24 heures.
Il est important de rappeler que chaque rafraîchissement consomme de l’énergie. Plus vous changez d’image, plus l’autonomie diminue, à vous de trouver l’équilibre qui vous convient. Néanmoins, il y a de la marge car, après des dizaines de tests, nos deux exemplaires de test n’ont perdu que quelques pourcents de batterie. Nous y reviendrons.
Quand l’IA devient décoration
C’est avec ses fonctionnalités AI Studio que le produit bascule dans une autre dimension. Comme son nom l’indique, le cadre numérique de SwitchBot ne se contente pas d’afficher des images, il peut les générer grâce à l’intégration du modèle Nano Banana de Google (Gemini 2.5 Flash Image) qui permet de créer de véritables œuvres numériques depuis son smartphone.
Deux outils sont proposés :
- AI Art Prompt : vous saisissez une description textuelle ou ajoutez une image de référence, et l’IA produit une œuvre inédite. Dans l’exemple ci-dessous, nous avons demandé à l’IA de créer une affiche ancienne de l’Aéropostale. Le résultat est vraiment excellent. Le style est bien respecté, on pourrait presque croire que cette affiche est d’époque. Pourtant, elle est 100% originale.
- AI Art Remix : vous importez une photo personnelle et la transformez : peinture à l’huile, Ukiyo-e, peinture à l’encre de style Gong Bi, esquisses et gravures, comics américains, dessins en noir et blanc, style Art Nouveau, aquarelle, illustration, dessin animé… Ci-dessous, un coucher de soleil sur la roche ronde de Biarritz offre un excellent rendu avec le style peinture à l’huile. Vous noterez que la description de l’image faite par l’IA est assez précise.
Quel que soit le mode, le résultat est plutôt convaincant. On obtient souvent des rendus crédibles, parfois poétiques, et quelques fois étonnants. Notez, tout de même, que passé les 30 jours d’essai, l’accès à l’IA devient payant (4.50€/mois par mois pour 400 générations). Encore un abonnement ? C’est vrai, mais c’est optionnel et pas forcément indispensable, SwitchBot proposant déjà une large bibliothèque d’œuvres d’art gratuites et vous permettant de créer 400 images avec le mois gratuit. De quoi se faire un bon stock d’avance.
Notre avis sur le SwitchBot AI Art Frame
Alors que nous nous attendions à ce que l’intelligence artificielle soit la principale innovation de ce produit, le SwitchBot AI Art Frame nous a finalement surpris sous bien d’autres aspects. Côté design, tout d’abord, son cadre en aluminium noir et son passe-partout blanc en font un objet très élégant. Tous ceux à qui nous l’avons montré ont été stupéfaits d’apprendre qu’il s’agissait d’un cadre numérique.
Son écran e-paper, dépourvu de rétroéclairage et de lumière agressive, offre une texture remarquablement proche du papier. Le rendu ressemble à s’y méprendre à un tirage photo mat, grâce à sa technologie e-Ink Spectra 6, considérablement plus performante que les premières générations comme le Kaleido 3, notamment pour la reproduction de tableaux et de dessins. Le résultat n’a absolument rien de comparable avec les dalles LCD ou IPS que l’on rencontre habituellement sur ce type de produit… Et c’est tant mieux !
Face à certaines peintures, l’illusion devient même troublante. Nous avons notamment téléchargé La Jeune Fille à la perle de Johannes Vermeer, célèbre tableau avec lequel le résultat est tout simplement bluffant. Il faut s’approcher très près pour distinguer qu’il ne s’agit pas d’une reproduction mais bien d’un écran. Pour l’anecdote, l’œuvre originale exposée au musée Mauritshuis de La Haye possède quasiment les mêmes dimensions que le format 13,3 pouces que nous avons choisi pour l’admirer au quotidien.
Un objet qui redéfinit le cadre numérique.
Autre exemple avec La Grande Vague de Kanagawa. La célèbre estampe de Katsushika Hokusai est joliment restituée. Les détails permettent de mieux comprendre le fonctionnement d’un écran e-paper. Pour résumer, l’e-ink utilise des millions de minuscules capsules contenant des particules blanches et noires chargées électriquement. En appliquant des charges électriques, on fait remonter soit les particules blanches, soit les noires à la surface pour former du texte ou des images. Pour la couleur, des particules colorées supplémentaires se superposent au noir et blanc.
Pour les photographies, les choses sont plus aléatoires. Selon la qualité et la luminosité de l’image d’origine, le rendu est plus ou moins convaincant. Mais SwitchBot a pensé à tout et nous permet d’ajuster le contraste, la luminosité, la saturation et même la température de couleur. Il est également possible de recadrer l’image ou d’appliquer un filtre noir et blanc. Sans trop nous avancer, nous imaginons que le fabricant ne tardera pas à proposer d’autres filtres à l’avenir.
Nous nous sommes également amusés à améliorer des photos avec AI Studio. Voici le résultat du coucher de soleil que nous avons transformé en peinture à l’huile plus haut. Notez que la photo de droite est prise au plus près de l’écran afin d’en saisir tous les détails. Le rendu est bien plus satisfaisant dès lors que l’on s’éloigne un peu.
Dans l’exemple ci-dessous, nous avons demandé à l’IA de rénover et coloriser une photographie ancienne d’un de nos aïeux, pilote de l’Aéropostale dans les années 1930, avant d’en faire un dessin en couleur avec AI Art Prompt. La photographie originale étant en noir et blanc, le résultat est aussi surprenant qu’émouvant.
Enfin, nous avons utilisé le mode « Géométrie Artistique » avec une photo de paysage. Voici une comparaison entre la photo originale, l’image générée et le rendu à l’écran. Le résultat est ici aussi plutôt sympathique.
Avant de conclure, revenons un peu sur l’autonomie impressionnante de cadre photo numérique. En effet, grâce à son écran passif, le SwitchBot AI Art Frame ne consomme de l’énergie que lorsqu’il change d’image. Résultat, il suffit de le décrocher tous les deux ans pour le recharger – si vous optez comme nous pour un changement d’image par semaine. Malgré des dizaines d’essais, notre modèle de 13.3″ affiche encore 93%, le plus petit modèle affichant toujours 100% d’autonomie. Incroyable, d’autant que nous ne les avons pas ménagés et que nous avons absolument tout testé pour mieux vous en parler.
En conclusion, le SwitchBot AI Art Frame est un objet singulier. Il ne cherche ni à remplacer un écran, ni à imiter une tablette, encore moins à impressionner par une débauche de fonctionnalités. Il cherche simplement à se fondre dans votre intérieur et à devenir un élément de votre décoration. Paradoxalement, c’est ce qui rend ce cadre photo numérique si remarquable et qui lui permet de réussir là où ses prédécesseurs avaient échoué : il s’intègre et se fait oublier. Il ne crée pas une énième présence technologique, mais une présence esthétique. Et dans un monde où les écrans envahissent tout, il est presque apaisant de découvrir un écran qui ne demande rien, qui ne nous interrompt pas avec des notifications, et qui ne cherche pas à capter notre attention.





























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