Sonos gagne son premier procès contre Google

L’année passée, nous apprenions que Sonos attaquait Google, demandant à la Commission du commerce international des États-Unis d’interdire à la vente sur son sol les enceintes Google Home, les smart displays Nest Hub ou encore les dongles de streaming Chromecast. Un an après, l’organisme chargé de trancher les litiges commerciaux vient de donner raison au spécialiste du multiroom et d’interdire au géant du web d’importer des enceintes connectées sur le sol américain…

Google a bien violé les brevets Sonos

En janvier 2021, Sonos avait demandé à la Commission du commerce international des États-Unis de bloquer les importations d’un certain nombre de produits Google qui, selon elle, violaient plus d’une dizaine de brevets, et en particulier cinq brevets concernant sa technologie multiroom. Patrick Spence, le PDG de Sonos, déclarait alors ne plus avoir « d’autre choix que de plaider dans l’intérêt de protéger les inventions » de son entreprise, expliquant au New-York Times que Google n’avait montré « aucune volonté de travailler […] sur une solution mutuellement avantageuse ». La guerre était déclarée !

« C’est une victoire générale extrêmement rare dans les affaires de brevets »

Une guerre dans laquelle Sonos semble aujourd’hui avoir pris l’ascendant, le tribunal de commerce américain venant de statuer en sa faveur. « Nous apprécions que l’ITC ait définitivement validé les cinq brevets Sonos en cause dans cette affaire et statué sans équivoque que Google enfreint les cinq », se félicitait hier Eddie Lazarus, directeur juridique de Sonos, soulignant dans un communiqué que « c’est une victoire générale extrêmement rare dans les affaires de brevets ».

De son côté, le géant de Mountain View a déclaré par l’intermédiaire de José Castañeda, son porte-parole, vouloir demander « un examen plus approfondi » de la question, renouvelant son souhait de continuer à se défendre « contre les allégations frivoles de Sonos concernant notre partenariat et notre propriété intellectuelle ».

Google se voit accorder 60 jours pour apporter les modifications nécessaires à ses produits, délai après lequel l’entreprise devra cesser d’importer et de vendre sur le sol américain ses enceintes Nest et ses écrans Nest Hub, tout comme ses dongles de streaming Chromecast ou encore ses smartphones Pixel, tous ces produits violant les brevets de Sonos.

“Nous ne prévoyons aucune incidence sur notre capacité à importer ou à vendre nos produits.” a indiqué M. Castañeda au site The Verge, soulignant que la Commission du commerce international avait déjà approuvé les solutions de contournement proposées par son entreprise. Des modifications qui n’ont pas tardé à impacter péniblement les utilisateurs de Google Home…

Les enceintes Google Home perdent des fonctionnalités importantes

Bien que révélée seulement hier au grand public, la décision était en réalité actée depuis août dernier, date à laquelle Google a commencé à apporter quelques modifications à ses produits. Ainsi, les utilisateurs de Google Home en France ont notamment pu constater la disparation du contrôle du volume des groupes d’enceintes à la voix, mais également depuis l’application maison. S’il est toujours possible d’agir sur ces groupes depuis les écrans des Nest Hub et Nest Hub Max, la fonctionnalité devrait disparaître sous peu puisqu’elle est directement concernée par le brevet. Aux États-Unis en tout cas.

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Dans un article de blog sur le sujet, un gestionnaire de communauté de la firme explique que, suite à « une récente décision juridique », il est nécessaire de « régler chaque haut-parleur individuellement au lieu d’utiliser le contrôleur de volume de groupe » afin d’ajuster le volume d’un groupe d’enceintes.

L’équipe Google Nest tempère, précisant que la « plupart des groupes de haut-parleurs devraient continuer à fonctionner comme prévu, à moins que vous n’ayez un groupe de haut-parleurs contenant d’autres marques d’appareils basés sur Cast, comme JBL ou Lenovo, ils doivent être sur la version 1.52.272222 ou supérieure du micrologiciel Cast » et que seul « un petit nombre d’utilisateurs devra utiliser l’application « Device Utility » (DUA) pour terminer l’installation et les mises à jour du produit ».

« Google peut, comme d’autres entreprises l’ont déjà fait, payer une redevance équitable pour les technologies qu’il a détournées. »

Un règlement à l’amiable?

S’il ne fait guère de doute que Google travaille d’arrache-pied sur le sujet et fera tout pour éviter trop de désagréments à ses utilisateurs, n’aurait-il pas été plus simple de rétribuer Sonos pour l’utilisation de ses brevets?

C’est en tout cas ce que suggère Eddie Lazarus pour qui « Google peut, comme d’autres entreprises l’ont déjà fait, payer une redevance équitable pour les technologies qu’il a détournées. » Sans citer l’entreprise explicitement, le juriste de Sonos fait ici référence à Amazon qu’il avait confié ne pas avoir les moyens d’attaquer en même temps que Google, mais avec qui le règlement du litige se serait depuis fait à l’amiable, moyennant une compensation financière probablement très importante que le géant du e-commerce aurait apparemment préféré à une publicité peu reluisante.

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Un précédent dont Google ferait probablement bien de s’inspirer, Sonos ne semblant pas avoir dit son dernier mot. Les deux entreprises sont en effet enfermées dans une guerre des tranchées, le géant dirigé par Sundar Pichai ayant riposté avec une « contre-poursuite » en juin 2020, poussant les équipes de Patrick Spence à déposer une nouvelle plainte en septembre 2020 alléguant que son adversaire violait en réalité une bonne dizaine de brevets supplémentaires. “Google peut sacrifier l’expérience du consommateur pour tenter de contourner cette interdiction d’importation, ses produits continueront à enfreindre plusieurs dizaines de brevets de Sonos, ses méfaits persisteront et les dommages dus à Sonos continueront de s’accumuler” rappelle l’entreprise dans un communiqué.

 

Fasciné par Alexa depuis le jour où je l'ai reçue en bêta test, je me suis peu à peu passionné pour le sujet, avant de me décider à aller plus loin en créant un site avec Jean-Christophe. Une activité qui me permet d'étancher ma soif de nouvelles technologies et de partager mes découvertes sur la plus sympathique des communautés : Les Alexiens.