Google attaque à son tour Sonos en justice

Il y a six mois, nous évoquions les surprenantes poursuites engagées par Sonos envers Google. Poursuivi pour l’utilisation de technologies brevetées sur ses enceintes Google Home, le géant de Mountain View réplique maintenant en attaquant à son tour son partenaire-adversaire… Pour les mêmes raisons ! Retour sur une série de procès où David semble avoir bien peu de chances de faire le poids face à Goliath…

Acte 1 : Sonos poursuit Google

Google attaque à son tour Sonos en justice
Le siège social de Sonos en Europe – © Dudok Architectuur Centrum

Début janvier, nous apprenions que Sonos attaquait en justice Google et demandait à la justice américaine d’interdire à la vente, aux États-Unis, les enceintes Google Home, les smart displays Google Nest Hub ou encore les Chromecast audio.

Patrick Spence, PDG de Sonos, affirmait alors : « Google a copié de manière flagrante et en connaissance de cause nos technologies brevetées pour ses propres produits audio ».

En effet, suite à la signature d’un partenariat entre les deux entreprises en 2013, Sonos aurait été contrainte par l’entreprise actuellement dirigée par Sundar Pichai de fournir au géant du web un grand nombre d’informations techniques concernant le fonctionnement de ses produits. Google en aurait alors profité pour s’approprier un certain nombre de technologies brevetées, notamment la technologie de synchronisation en multiroom, une particularité des enceintes Sonos que l’on retrouve aussi bien sur les enceintes Google Home que les appareils Amazon Echo.

Expliquant au New-York Times que malgré leurs « efforts répétés et importants au cours des dernières années, Google n’a montré aucune volonté de travailler avec nous sur une solution mutuellement avantageuse », Patrick Spense déclarait ne plus avoir « d’autre choix que de plaider dans l’intérêt de protéger nos inventions, nos clients et l’esprit d’innovation qui définit Sonos depuis ses débuts.”

Récusant les allégations du fabricant d’enceintes connectées, un porte-parole de Google, avait alors précisé « au fil des ans, nous avons eu de nombreuses conversations avec Sonos au sujet des droits de propriété intellectuelle des deux sociétés et nous sommes déçus que Sonos ait intenté ces poursuites au lieu de prolonger les négociations de bonne foi ».

Des négociations que Sonos ne nie pas mais qui, selon elle, seraient déséquilibrées du fait de la puissance des GAFAM, Amazon n’étant soit-disant pas en reste elle-aussi…

Acte 2 : Sonos accuse également Amazon, sans la poursuivre pour autant…

Sonos & Amazon Echo Dot 2 Après Google, Sonos aurait en effet pour projet de poursuivre à son tour Amazon pour la violation de plusieurs brevets sur ses enceintes Echo. Reprochant peu ou prou la même chose au géant du e-commerce, Sonos allègue en effet que la mise à disposition d’Amazon Music sur ses enceintes connectées aurait également permis à Amazon d’accéder à ces fameuses technologies, mais que faute de reins assez solides, elle ne peut se permettre de l’attaquer pour le moment, d’autant qu’elle craindrait des représailles…

Le risque semble en effet grand, pour le petit poucet dont fait figure Sonos malgré ses 1500 employés et son milliard de dollars généré chaque année, de se faire enterrer par les deux géants. Sally Hubbard, ancienne assistante du procureur général du bureau antitrust de New York, commentait d’ailleurs dans le New-York Times que « n‘importe laquelle de ces sociétés pourrait les enterrer demain. Google pourrait les enterrer dans leurs résultats de recherche. Amazon peut les enterrer sur sa plateforme de vente en ligne. » Le fait d’être soudainement invisible sur Google et non commercialisée sur Amazon serait en effet un sérieux revers pour Sonos. Quasi insurmontable, il faut bien le reconnaître.

Mais Sonos en veut moins à Amazon qui, d’après Patrick Spence, aurait été bien plus conciliante. Selon lui, Google aurait forcé son entreprise à intégrer son seul assistant vocal dans un premier temps, n’acceptant pas le lancement d’Alexa en même temps, ce qui ne semblait par contre pas déranger Amazon : « Nous l’avions préparé, nous l’avons montré à Google et à Amazon. Amazon a dit oui. Google a dit ‘si vous faites cela, l’assistant ne sera pas disponible du tout’ ». Des allégations qui ne sont pas du tout du goût du puissant moteur de recherche…

Acte 3 : Google réplique en attaquant à son tour

Siège social de Google : Menlo Park à Mountain View
Le siège social de Google -© The Pancake of Heaven! sur Wikipedia

Le retour de bâton n’aura pas tardé à arriver : Google attaque à son tour Sonos, l’accusant de violer 5 brevets concernant le maillage réseau Wi-Fi, l’annulation de l’écho, les DRM, les notifications de contenu, ou encore la recherche vocale personnalisée.

Jose Castadena, porte-parole de la firme de Mountain View, déclarait ainsi vendredi dernier que : « Bien que Google poursuive rarement d’autres entreprises pour violation de brevets, elle doit faire valoir ses droits de propriété intellectuelle dans ce domaine. »

Estimant par ailleurs avoir été d’une aide précieuse au développement de Sonos en lui autorisant l’utilisation de Google Assistant, Castadena a ajouté que « lorsque Google a lancé la possibilité de définir un haut-parleur Sonos comme option par défaut pour l’assistant Google, c’était la première fois que Google le faisait pour une entreprise partenaire. Nous sommes déçus que Sonos ait fait de fausses déclarations sur notre collaboration et notre technologie. Nous nous défendons à contrecœur en faisant valoir nos droits de brevets. Alors que nous cherchons à résoudre notre différend, nous continuerons à faire en sorte que nos clients communs aient la meilleure expérience possible de l’utilisation de nos produits ».

Souhaitons, en tout cas, que les utilisateurs ne soient pas pris en otage et puissent continuer à utiliser les deux principaux assistants vocaux du marché ainsi que leurs services de streaming associés, faute de quoi les enceintes connectées Sonos perdraient tout leur intérêt. Nous ne manquerons pas de suivre les prochains épisodes de cette nouvelle saga en provenance de Santa Barbara… Ça ne s’invente pas !

 

Fasciné par Alexa depuis le jour où je l'ai reçue en bêta test, je me suis peu à peu passionné pour le sujet, avant de me décider à aller plus loin en créant un site avec Jean-Christophe. Une activité qui me permet d'étancher ma soif de nouvelles technologies et de partager mes découvertes sur la plus sympathique des communautés : Les Alexiens.