Depuis quelques années déjà, l’assistant vocal d’Apple traverse une crise majeure. Lancé en 2011 avec l’iPhone 4S, Siri avait pourtant ouvert la voie aux assistants vocaux grand public. Mais presque quatorze ans plus tard, l’innovation d’hier qui s’était déjà largement faite dépasser par Alexa et Google Assistant, se retrouve plus que jamais en difficulté face aux IA génératives telles que ChatGPT, Claude ou Gemini… Entre absence d’évolution, retards techniques et remaniements internes, la firme de Cupertino se trouve contrainte de repenser entièrement sa stratégie dans l’espoir de faire renaître Siri et de ne pas passer totalement à côté de la révolution technologique portée par l’intelligence artificielle. Un tournant historique qui pourrait redéfinir l’avenir de son écosystème tout entier.
Les ambitions contrariées d’Apple pour Siri
Depuis des mois, Apple accumule les difficultés dans sa quête d’un nouveau Siri, ses promesses d’un assistant IA hautement réactif et contextuel se heurtant à de nombreux obstacles techniques. Il faut dire que le chantier est d’ampleur et, qu’à l’instar d’Amazon avec Alexa+, l’entreprise de la Silicon Valley a dû entièrement repenser son architecture, en partant d’une feuille vierge… Ce qui n’a pas vraiment fait plaisir à ses équipes de développement.
Selon Bloomberg, l’ambiance à Cupertino s’est même considérablement dégradée, des sources internes allant jusqu’à qualifier les retards de « catastrophiques » en pointant du doigt un taux de satisfaction de 60 à 80 % seulement, soit bien en deçà des standards Apple. Une situation qui a provoqué un remaniement stratégique d’envergure, Mike Rockwell, jusqu’alors responsable du Vision Pro, reprenant les rênes du développement de Siri et de l’IA, sous la supervision directe de Craig Federighi, le patron de l’ingénirie logicielle, qui s’est récemment voulu plutôt optimiste.
Un optimisme partagé par Tim Cook qui a également tenu un discours rassurant face à ses employés, allant jusqu’à estimer qu’Apple était plutôt coutumière du fait.
Le PDG d’Apple n’en demeure pas moins convaincu que l’IA reste « aussi importante, voire plus importante » qu’Internet et les smartphones, mais sait aussi que son entreprise devra tôt ou tard rendre sa copie.
Encore faut-il que l’IA générative apporte vraiment quelque chose, une enquête menée en décembre 2024 révélant que 73% des possesseurs d’iPhone estiment que les fonctionnalités IA actuelles ajoutent « peu ou pas de valeur » à leur quotidien. Un constat qui souligne le fossé entre les attentes et la réalité.
Un nouveau Siri boosté par Claude : le pragmatisme face à l’excellence
Confrontée à ces difficultés, Apple semble prête à abandonner temporairement sa doctrine habituelle du « tout maison ». Plusieurs sources concordantes évoquent un nouveau Siri alimenté par des LLM extérieurs, notamment d’Anthropic et OpenAI. Une ouverture qui représenterait un changement de philosophie majeur pour une entreprise historiquement attachée au contrôle total de sa chaîne technologique, mais qui a déjà commencé avec l’intégration de ChatGPT à Apple Intelligence. Les modèles tiers seraient cependant hébergés sur l’infrastructure cloud d’Apple, dans l’optique de servir d’alternative accélératrice. Parmi les solutions évaluées, Claude d’Anthropic serait actuellement jugé le plus prometteur par les équipes techniques.
Un avis visiblement partagé par Amazon qui, confronté aux limites de ses propres modèles pour Alexa+, s’est également tourné vers Anthropic pour alimenter les capacités conversationnelles de son assistant IA avec Claude Sonnet 3.5. Cette convergence vers les mêmes solutions tierces témoigne des défis techniques communs que rencontrent les géants du web dans leur course à l’IA générative. Et ce n’est pas Microsoft qui dira le contraire, l’entreprise étant parmi les premières à avoir compris que, dans la course à l’intelligence artificielle, l’attentisme n’est plus une option.