Faut-il avoir les miquettes des chipsets ? Les dangers des I.A…

Alors qu’il fallait au Moyen-Âge, et même bien après, deux à trois générations pour pouvoir vivre une avancée technologique, l’ordre des choses s’est maintenant extrêmement accéléré. Dans une vie, l’être humain moderne va connaître 3, 4 voire 5 évolutions technologiques majeures et vivre à la fin de sa vie dans un monde qu’il n’avait même pas imaginé. Combien d’entre vous ont connu les premiers pas de l’homme sur la Lune, la création d’Internet, celle des smartphones et maintenant la création des intelligences artificielles. Aviez-vous pensé à cela il y a ne serait-ce que 20 ou 30 ans ?

Ça va vite, très vite. Et l’homme n’est pas prêt… ou du moins pas tous. Tous les changements font peur, quels qu’ils soient. Et les intelligences artificielles ne dérogent pas à la règle. On peut même dire qu’elles l’exacerbent dans le sens où elles sont humanisées. Et la question qui se pose, que beaucoup de personnes se posent, est : faut-il ou non en avoir peur ? Faut-il avoir les miquettes des chipsets ?

Les intelligences artificielles vont prendre nos emplois ! Oui et non.

C’est un argument qui est très souvent entendu. Et il n’est pas nouveau, loin de là.

Au XIXème siècle, les machines à vapeur sont apparues. Ça été un bouleversement énorme. Elles ont été utilisées entre autres pour créer des métiers à tisser mécaniques. Et effectivement, dans un premier temps les artisans ne pouvaient pas rivaliser avec ces nouveaux appareils. Mais cela a conduit à la création d’usines textiles, le plus gros employeur de France de l’époque. Puis arrivent ensuite les usines automobiles, les aciéries, l’émergence de la classe moyenne… Ce qui pouvait être à l’origine une mauvaise nouvelle, c’est-à-dire le remplacement d’un corps de métier par des machines a en fait engendré un changement profond de l’organisation de la société. Les machines ont-elles pris la place de l’homme ? Non, au contraire, elles ont permis de créer des centaines de milliers d’emplois. À l’heure actuelle nous ne composons plus avec des machines à vapeur ni électriques, mais avec des robots. Y-a-t-il pour cela moins d’emploi ? Absolument pas. En valeur absolue, il n’y a jamais eu autant d’emplois qu’à la période actuelle. Cependant la distribution de cet emploi est totalement différente et évolue régulièrement.

En valeur absolue, il n’y a jamais eu autant d’emplois qu’à la période actuelle.

Tout comme il a fallu, lors de la révolution industrielle, que les hommes et les femmes de l’époque s’approprient les techniques et les technologies émergentes, il en est exactement de même à l’heure actuelle. Nous aurons donc une recherche importante de personnes qualifiées avec des compétences spécifiques et à côté de cela des secteurs d’activités non qualifiés avec un surplus de demandeurs. Les nouvelles technologies et les intelligences artificielles ne viendrons pas tuer l’emploi mais vont faire émerger de nouvelles demandes sur le marché qui, si elles ne sont pas anticipées ni choisies par la population active, va faire émerger une classe de chômeurs de longue durée et à côté de cela une pénurie de travailleurs qualifiés, très bien payés.

Pourquoi ? Car les robots et les IA vont remplir pour la plupart des tâches répétitives, peu ou pas qualifiées ou très spécifiques. Ce qui représente malgré tout une grande partie des postes actuels. Cela a d’ailleurs commencé : un dernier rapport de l’OCDE affirme que l’arrivée des I.A. et le développement des robots va entrainer la disparition de 14% des emplois et la modification importantes de 33% d’autres… d’ici 10 ans ! Et elle confirme également que les emplois les plus impactés seront les emplois peu qualifiés. Il arrivera un moment où les créations de métiers (et non de postes) peu qualifiés ne permettront plus d’employer toutes les personnes en recherche d’emploi et n’ayant pas les compétences pour les secteurs qui recrutent. Mais parallèlement à cela, plein de ressources, l’homme avait ainsi développé au XXème et encore plus au XXIème siècle les métiers de services, qui ont permis la multiplication d’emplois de qualifications diverses accessibles aux personnes n’ayant pas pu prendre les virages technologiques et hyper connectés (aide à la personne, aide à domicile…). L’homme a donc su faire évoluer le marché du travail pour rester actif. Et il en sera sûrement de même avec la prochaine révolution industrielle.

L’OCDE affirme que l’arrivée des I.A. et le développement des robots va entrainer la disparition de 14% des emplois et la modification importantes de 33% d’autres… d’ici 10 ans !

Une autre école existe pour le futur de l’emploi humain, école que nous pourrions ranger dans la catégorie utopie. Dans cette vision de l’avenir, expliquée par le CNRS, les machines et les IA, hyper évoluées, seront les seules à travailler. Les rendements hors normes feront que les impôts des bénéfices seront redistribués à chaque habitant par l’Etat. Les hommes vivraient donc d’une aide mensuelle. Et là s’arrête l’utopie. Car comment cette aide sera déterminée ? Sur le minimum vital ? Donc les hommes ne vivront pas, mais vivoteront. Sur une quantité d’argent suffisante pour avoir une vie agréable ? Mais dans ce cas, les quelques rares propriétaires d’industries ou les travailleurs extra qualifiés accepteront-ils de voir partir la majorité de leurs richesses pour faire vivre une population oisive ? Les disparités sociales seront énormes.

Il y a un entre-deux. Une société de travailleurs robots et IA mais dans laquelle sont gardés des travailleurs peu nécessaires, mais surpayés, qui n’auront d’autre rôle que de développer la consommation et garantir une paix sociale. Mais ce scénario, au final, reviendra à avoir des travailleurs très peu payés et des chômeurs longue durée, vivants via les redistributions de l’État. Ce qui revient à la première idée du chapitre.

Donc oui les I.A. vont prendre nos emplois et parallèlement à cela, d’autres métiers seront créés, des métiers qui n’existent pas encore à l’heure actuelle. Est-ce que le métier de social media manager existait il y a 15 ans ? Et celui de modérateur de réseaux ?

Les intelligences artificielles vont péter les plombs ! Possible.

Peut-être avez-vous vu Ex-Machina, film dans lequel une IA, capable de sentiments et finalement de conscience, essaiera par tous les moyens de prendre sa liberté ? Ce n’est qu’un film parmi d’autres (Real Humans, I-Robot…) dans lesquels les I.A. et les robots interagissent avec les hommes de façon humaines, deviennant bons… ou mauvais. Car derrière tout cela se cache un vrai constat : les I.A. sont de plus en plus perfectionnées, capables d’auto-apprentissage et même de faire apprendre à des I.A. filles. Le film Matrix a été l’un des plus révélateurs de cette peur : les I.A. et les robots prennent le pouvoir et asservissent les humains, trop fragiles, plus assez intelligents pour jouer un rôle dans l’évolution. Dans Terminator, les I.A sont même prêtes à tout pour éviter que leur règne ne prenne fin dans le futur. Mais ce questionnement n’est pas nouveau. Dans le film Metropolis de 1927, le robot « Maria » s’émancipe de son créateur pour n’obéir qu’à lui-même.

les I.A. sont de plus en plus perfectionnées, capables d’auto-apprentissage et même de faire apprendre à des I.A. filles

Le risque auquel beaucoup pense, car le plus facile à se représenter, est la perte de contrôles des I.A. qui, comme dans ces films, deviennent folles et se retournent contre les humains pour au final les manipuler ou les asservir. Mais cela peut être moins théâtral, mais tout aussi dangereux : une I.A. qui gère la finance d’une société, d’un pays ou d’une région et qui commence à prendre des décisions farfelues ? C’est en partie déjà le cas, les I.A. vont bientôt mieux comprendre et anticiper les marchés spéculatifs que les humains, qui suivront sans comprendre les décisions. Et en cas d’erreur ? Un crack mondial, un chômage de masse, des pays sinistrés…

Alors ? S.-F. ou réalité ? Hé bien, sachez que les intervenants du secteur comme Google DeepMind mais aussi Oxford, le CSER, l’EFF ou encore Elon Musk prennent ce fait très au sérieux. Il faut dire qu’il y a eu déjà eu des coups d’éclats avec l’I.A. de Microsoft « Tay » qui a commencé à péter un circuit en tournant sociopathe. Tout cela commençait pourtant bien. L’I.A. répondait aux sollicitations comme un vrai humain, montrait aussi un certain sens de l’humour mais en moins de 24 heures, il a dû être désactivé après avoir mis en ligne des propos de plus en plus racistes et sexistes. D’autre cas, un peu moins extrêmes ont aussi fait leur apparition, comme une I.A. préférant mettre un jeu en pause jusqu’à la fin des temps plutôt que de voir s’afficher le message Game Over. Dans quelle proportion cela est pris au sérieux ? Ces entreprises travaillent sur la mise au point d’un « kill switch », soit sous forme d’un programme qui pourrait se lancer automatiquement si l’I.A. va trop loin (une auto régulation) ou, plus vraisemblable, un programme « tueur » qui pourra être activé humainement en cas de nécessité.

Dans un registre moins télégénique, les I.A. pourraient aussi devenir des outils de piratage informatique mondial, grande menace du XXIème siècle. Un pays qui voit son réseau de communication mis hors service par des groupuscules terroristes ou des cybers criminels est à genoux : plus de décision possible, plus d’information, plus d’armée ni de service d’ordre. L’utilisation des I.A. par des personnes mal intentionnées est un risque réel, peut-être même plus probable qu’une I.A. qui s’emballe et met les humains dans la Matrice. Les hommes ont en effet montré à d’innombrables reprises que la destruction des autres est un but en soit de l’espèce humaine. Est-il nécessaire de rappeler que les I.A. font déjà parti du paquetage des armées du monde ? A l’heure actuelle, nous n’en sommes qu’aux débuts, plus au niveau de l‘utilisation de robots, de drones et autres machines sans pilote que d’unités de combats de combats autonomes, prenant leurs propres décisions. D’ailleurs, les projets ALPHA pour le combats aérien et MARVEN ont déjà montrés que ce n’est qu’une question d’année. Les SALA (systèmes d’armes létales autonomes) sont en chemin, les IA prendront des décisions à la place des militaires quand il faudra réagir extrêmement vite ou anticiper des actions. Mais nous revenons à l’un de nos problèmes : que faire en cas de piratage de ces systèmes ? Et nous ne parlons pas encore de militaires humains upgradés à l’IA et aux high tech. Le transhumanisme est d’ailleurs notre prochain chapitre.

 

 

Nous ne serons plus vraiment humains ! Oui et non

Le transhumanisme va devenir une normalité dans quelques années ? Le quoi ? Mais si, vous savez, ce mouvement prônant l’usage des sciences et techniques afin d’améliorer les performances humaines, physiques et intellectuelles.

Ce qui vient en premier lieu à l’esprit, c’est surtout une amélioration physique via des implants afin de transformer chaque individu en surhomme, capable d’une force, d’une endurance ou d’une habileté hors norme. Sur le principe, de ce point de vue, les transhumains existent déjà : implants et prothèses biomécaniques pour remplacer un membre manquant, œil artificiel muni de caméra vidéo relié au cerveau (en test), …

Nous sommes plus, à l’heure actuelle, sur un transhumanisme palliatif qu’un transhumanisme proactif. Mais celui-ci arrive à grand pas et une poignée d’initiés y contribue largement comme Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, ou Max More, président d’une société ayant pour but de cryogéniser les personnes en attentes de la mise en place des technologies nécessaires à leur amélioration. Pour eux, l’humain et la machine vont arriver à un point tel que les deux ne pourront être différenciés. L’homme se transformera en machine et la machine en cyborg. Le but avoué est d’augmenter la durée de vie des individus, de guérir toutes les maladies, de les rendre apte à tout accomplir, d’augmenter leurs capacités cognitives… Ils imaginent l’utilisation de nano robots pouvant jouer le rôle de système immunitaire mais aussi de synapses artificielles. Et c’est là que les I.A. vont avoir un rôle à jouer encore plus important. Elles serviraient à améliorer les aptitudes intellectuelles des êtres humains via une espèces de branchement en série. D’ailleurs, en 2016, une équipe de chercheurs américains avait réussi à alimenter directement en data un cerveau humain pour lui faire acquérir rapidement de nouvelles connaissances. Hé oui…

Il faut quand même pondérer tout cela, ce ne sont que des tests, le début… mais les informations disponibles montrent que cela évolue vite, très vite. Nous en sommes aux Google Glass, aux lentilles reliées à internet, sorte de transhumanisme par options, et peut être que dans quelques années les hommes auront une puce ou des nanorobots à demeure pour les rendre plus intelligent, les mettre au même niveau que les machines qu’ils ont créées.

L’homme se transformera en machine et la machine en cyborg.

Mais cela n’est pas si simpliste. Tout d’abord le corps humain n’est pas simple à modifier. S’il est possible dès maintenant de modifier des membres et quelques organes, modifier le cerveau est une autre paire de manches, son fonctionnement étant encore peu compris. Transformer l’homme en surhomme est encore trop présomptueux vu les connaissances et le niveau technologique actuels. Mais cela n’est pas impossible car comme nous l’avons vu, ça a déjà commencé. Ce n’est donc qu’une histoire de temps, en tous cas, pour un certain nombre d’améliorations, avant qu’elles ne soient réelles. Le but ultime serait même, pour certains, une transformation de leur conscience humaine en conscience informatique, séparé du corps et donc immortelle (le livre « Carbone Modifié » explique très bien cela). Mais de là découle un nouveau problème : le financement. Vu les améliorations envisagées, les possibilités offertes, tout cela coutera cher, très cher. Ainsi, les transhumains potentiels ne seront que des personnes triées sur le volet, des personnes richissimes. La plupart des membres actuelles des sociétés transhumanistes sont de riches hommes d’affaires, des familles aisées… Et cela continuera. Les plus riches auront les moyens de se faire améliorer, de vivre plus longtemps et mieux, ainsi que quelques castes spécifiques (militaires, experts, …), alors que les plus pauvres resteront avec leur corps de chaire et de sang originel. Les disparités sociales seront encore plus exacerbées.

Cet article n’est qu’un recueil d’exemples de différents futurs possibles, voire probables, issus de l’hégémonie potentielle des I.A. Les choses évoluant tellement vite, l’un d’eux, peut-être tous, sont en chemin. Certains d’entre nous les attendent avec impatience, d’autres les appréhendent mais pour finir, ils arriveront en partie ou en totalité. Avoir conscience d’un changement ne veut pas dire l’accepter ni l’anticiper, mais cela permet de mieux l’appréhender. Et en ce XXIème siècle, les changements sont nombreux, rapides et profonds. Les I.A. en sont un, mais pas le seul. L’homme devra donc composer avec les I.A comme il le fera avec une planète malade ou le réchauffement climatique. Les capacités d’adaptation de l’homme sont énormes et il saura sûrement nous surprendre.

 

Ai-je choisi Alexa ou m'a-t-elle choisi ? Disons qu’en tant que bêta testeur, c’est un peu les deux ! Et je ne regrette pas d’avoir rencontré notre assistante préférée ni cette aventure entreprise avec Alexien Modo. Technophile, autodidacte et aimant la vulgarisation, je cherche à rendre facile d’accès notre passion commune !