Lors des résultats du deuxième trimestre 2025, Andy Jassy, le PDG d’Amazon, a évoqué la possibilité d’injecter de la publicité directement dans les conversations avec Alexa+. Entièrement repensé, le nouvel assistant IA a en effet coûté très cher à l’entreprise, mais il pourrait aussi lui rapporter gros si elle parvient à générer de nouvelles sources de revenus publicitaires. Une idée qui n’est cependant pas sans soulever des questions quant à la vie privée des utilisateurs…
Alexa+ : de la publicité intégrée… mais discrète
Lancée en février 2025, Alexa+ est dotée de nouvelles capacités conversationnelles et agentiques qui la rendent capable de réaliser des actions concrètes comme des réservations ou des achats. Si elle est proposée gratuitement avec un abonnement Prime (14.99 dollars par mois aux Etats-Unis), il est aussi possible de s’y abonner directement pour 20 dollars par mois si vous ne savez pas compter, et Amazon envisage déjà des paliers supplémentaires, dont de possibles abonnements avec ou sans publicité.
Contrairement aux annonces actuelles, des spots audio sur Amazon Music Free ou des bannières sur les écrans Echo Show, Amazon souhaite introduire des publicités générées par l’IA directement dans le fil des conversations Alexa+. Selon TechCrunch, l’idée serait d’insérer des recommandations produits contextualisées et naturelles au cours de dialogues, pour favoriser la découverte tout en augmentant les revenus publicitaires.
Jassy a déclaré qu’à mesure que les utilisateurs interagiront davantage avec Alexa+ dans des échanges prolongés, ces publicités pourraient devenir un levier pour guider les suggestions et accroître les ventes de sa plateforme e-commerce. Cela se conçoit.
Un enjeu économique qui ne date pas d’hier
La rentabilité d’Alexa est un sujet qui défraie régulièrement la chronique. Vous le savez si vous nous lisez régulièrement, Amazon cherche depuis longtemps à rentabiliser son assistant IA qui lui a coûté des milliards et dont l’ardoise commence à inquiéter les investisseurs de l’entreprise, mais Andy Jassy se montre confiant et voit en la publicité sur Alexa+ une opportunité d’atteindre enfin l’équilibre, voire pourquoi pas d’amortir les investissements massifs de ces dix dernières années.
Et il s’avère que le business de la publicité en ligne se porte plutôt bien, comme en témoigne les énormes bénéfices déjà réalisés cette année par Meta ou encore Amazon qui a annoncé hier une hausse de 22% de ses revenus publicitaires au premier semestre 2025. Google aussi étudie la possibilité d’intégration de la publicité dans Gemini et même OpenAI ne dit pas non à des formats publicitaires intégrés dans ChatGPT.
Du côté des professionnels du secteur, certains experts estiment déjà que l’assistant IA est un média d’influence à fort potentiel. Avec un message bien ciblé et la possibilité d’achat direct, cette voix de confiance constituerait probablement une offre séduisante pour les annonceurs.
Alexa+ est toujours en rodage
Avant d’y proposer de la publicité, Amazon devra cependant fiabiliser son assistant IA. A en croire ses premiers utilisateurs américains, en plus des lenteurs et imprécisions techniques rapportées par le Washington Post, Alexa+ est parfois en proie à quelques hallucinations. Comme toutes les IA génératives, nous direz-vous, mais si l’on peut facilement lui pardonner ses erreurs lorsqu’il s’agit de questions de cultures générales ou de recherche d’informations, cela risque d’être beaucoup moins vrai si elle nous recommande de mauvais produits. En formulant des conseils d’achat inexacts ou trompeurs, Alexa pourrait aussi bien nuire à sa réputation qu’à celles des marques. Amazon devra donc déployer des mécanismes robustes pour limiter ces dérives.
Enfin, les questions de vie privée restent tout aussi cruciales. Afin de proposer des résultats pertinents, Alexa+ devra nécessairement collecter des données et les utiliser pour bien cibler ses publicités, ce qui pourrait alimenter le scepticisme des utilisateurs si elles ne sont pas gérées avec transparence. C’est d’autant plus vrai qu’Amazon nous a fait la promesse d’une confidentialité accrue. Le risque de désaffection est donc grand si l’assistant IA paraît trop intrusif ou commercialisé. En attendant, on espère tout de même pouvoir en juger très prochainement… Pas vous ?