C’était l’un des lancements les plus attendus de l’été dans le monde de la Tech : l’arrivée d’Alexa+ sur le Web, symbole de la nouvelle stratégie IA d’Amazon. Mais alors que la version web de l’assistant devait signer l’entrée d’Alexa dans la cour des grands du conversationnel — aux côtés de ChatGPT ou Gemini — le rideau restera encore fermé quelques semaines. Un léger contretemps révélateur des difficultés technologiques qui ont émaillé l’ambitieuse refonte de l’assistant vocal d’Amazon ces dernières années.
Alexa+ sur le web : une sortie différée
Amazon espérait profiter de l’été 2025 pour signer le grand retour d’Alexa dans la course aux assistants IA, mais au lieu d’un feu d’artifice, c’est un écran blanc qui attend les utilisateurs désireux de tester Alexa+ via leur navigateur. Prévue pour fin juin, la mise en ligne d’Alexa.com, point d’entrée du nouvel assistant en version web, a été repoussée à une date ultérieure, sans échéance claire.
Selon le Washington Post, qui révèle l’information, Amazon parle toujours d’un lancement « cet été », mais pas avant la fin du mois. En interne, les équipes évoqueraient déjà le 31 juillet comme premier horizon crédible. Derrière ce glissement de calendrier se cache moins un échec qu’une stratégie de précaution, Amazon ne souhaitant pas connaître un faux départ dans un secteur aussi concurrentiel que l’IA, où chaque bug, chaque approximation, peut devenir viral et faire les choux gras d’une presse en mal d’informations. Surtout en plein été.
Alexa en pleine métamorphose
Si vous n’avez pas encore eu la chance de pouvoir l’utiliser, la nouvelle Alexa n’étant pas encore disponible en français, sachez qu’Alexa+ n’a plus grand-chose à voir avec l’assistant que nous utilisons pour mettre de la musique, tamiser la lumière ou lancer un minuteur. Pour développer cette nouvelle génération, Amazon a dû repenser son assistante de fond en comble et concevoir une nouvelle architecture capable de connecter et articuler plusieurs grands modèles de langage (LLM), des agents d’IA, des centaines de services et des dizaines de milliers d’appareils. Connue sous le nom de code « Metis », sa nouvelle IA conversationnelle est désormais capable de résumer des documents, d’interagir en langage naturel, ou encore de générer des idées de repas à partir de son contenu de frigo. En résumé, Alexa+ se rêve en véritable copilote domestique, bien au-delà de la simple commande vocale.
Mais cette ambition a un prix. Certaines fonctionnalités promises lors de la démonstration de février dernier sont aux abonnés absents, comme la possibilité de passer des commandes d’Uber, de reconnaître des objets via la caméra d’un Echo Show 15, ou encore les suggestions personnalisées de cadeaux. D’autres, comme la génération d’histoires pour enfants ou la planification d’itinéraires complexes, arrivent au compte-gouttes. Tel un édifice encore en chantier, Alexa+ s’élève sur de solides fondations, mais ses derniers étages restent encore à construire.
Une version web attendue comme un tournant
Le report d’Alexa.com n’est pas qu’un détail technique. C’est une pièce centrale de la stratégie d’Amazon qui entend proposer un assistant IA accessible depuis n’importe quel appareil, sans que vous n’ayez forcément besoin d’utiliser une enceinte Amazon Echo ou un écran connecté Echo Show. Sans contrainte matérielle donc. Avec cette version web, le géant du e-commerce espère entre outre s’émanciper de son écosystème traditionnel et concurrencer ChatGPT, Gemini ou encore Claude sur leur terrain de jeu.
En attendant ce tout nouveau site, seuls quelques millions d’utilisateurs Prime peuvent déjà utiliser Alexa+ via leur Echo Show aux Etats-Unis. Les premiers retours sont plutôt bons, les utilisateurs saluant ses talents de synthèse et son ton plus humain, mais soulignent aussi parfois une certaine lenteur, une voix « trop adolescente », et un certain manque de rigueur dans les réponses. Cela n’a rien de bien surprenant, les agents IA n’étant encore fiables que dans 30 à 60 % des cas. L’objectif des équipes d’Amazon ? Atteindre les 90 %… mais cela demandera probablement encore des mois, voire des années de travail.
Une course de fond, pas un sprint
Dans cette époque de révolution technologique grâce à l’intelligence artificielle, le géant de Seattle avance à son rythme et avec prudence. Certes, cet énième report peut être un peu décevant pour les early adopters, mais il reflète la volonté d’Amazon de ne pas céder à la précipitation face à une concurrence parfois effrénée et qui tire à tout bout de champ.
Pour les passionnés de domotique que nous sommes, ce retard est une invitation à la patience. Derrière les rideaux, Alexa+ se réinvente pour devenir l’un des piliers de l’habitat intelligent de demain. Amazon tente une mue audacieuse : transformer une simple assistante vocale en intelligence domestique véritablement conversationnelle et proactive. Et si Alexa+ parvient à tenir ses promesses, elle pourrait bien redevenir la voix dominante de nos maisons connectées. En attendant, l’heure est encore à l’ajustement, à l’écoute… et à quelques semaines de patience.
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